J’aimais Alex B., c’était un peu un frère. Cet homme intègre fier doté d’un cœur énorme A quitté le vestiaire. Il est parti l’ami Et le chagrin déferle ainsi qu’un tsunami. Alex ! Tu n’es plus là, t’étais un mec hors norme Avant de t’abîmer dans les eaux de l’hiver.
La lune tout là haut allume un réverbère Et ton ami Brennus a aussi le cœur gros Il est venu ce soir pour te dire à l’oreille Je prendrai avec toi ce doigt de sang de treille Celui qu’on dégustait après maints apéros Entre le cassoulet et la fourme d’Ambert.
En son œil pétillait l’éclat d’un feu grégeois Faisant un pied de nez aux chaos à l’envi Ancrant au fond de nous cette part de lui même Quand il jurait « t’es con » on traduisait je t’aime Et tous ces petits riens qui font aimer la vie Consumaient lentement sur des braises de joie.
Je reviendrais souvent sur ce tertre de terre Défricher avec toi les herbes de l’oubli Celles de ce combat déjà perdu d’avance Où tu livrais ta vie privée de résonance Au déni de justice où en homme affaibli Tu glissais peu à peu dans l’enfer solitaire
Mais Je viendrais surtout te parler du bon temps Quand tes yeux allumaient un feu de cheminée Aux heures où éclataient sur la petite place Ton rire, nos projets, un monde qu’on déplace Ces amours hibernant dans ton estaminet En heures égrenées jusqu’au proche printemps.
Alors pour tout cela et toutes les raisons, Pour que ton souvenir à jamais ne retombe Au terme d’une vie et du temps incertain Qui vous laisse parfois sur le bord du chemin Ton nom est inscrit là au fronton d’une tombe Descellant les hauts murs d’une injuste prison.