Mil neuf cent soixante huit éclatait ses colères Tel un témoin frondeur au bleu de mes vingt ans, Entre incorporation et rupture de ban J’ai caserné mon cœur sous l’habit militaire
Au seuil du chemin vert d’une voie fonctionnelle J’ébauchais les contours d’une quête inédite, Emporté par un flot de rêves néophytes La palette du temps s’irisait d’arc-en-ciel.
Le couloir égrenait comme des sentinelles Des armoires exhalant d’alchimiques odeurs, Enfoui dans les replis replets de leur rondeur Un flot de souvenirs m’ouvre sa passerelle.
J’ouvre à double battant le bureau suranné Marchepied théâtral d’un jeune rat de cave Loin du terroir sableux d’un noble cru de graves Où le pampre des vignes éclipse le genêt.
Apprenti griffonneur de registres écrus Je sillonnais de noir bulletins et quittances, Délivrais aux acquits l’emprise des finances Jaugeant force tonneaux à panses sur ventrues.
Sous l’échine arrondie des voûtes beauceronnes En emboîtant le pas de monsieur Gay Lussac J’ai cueilli sur ma lippe un bouquet d’armagnac Epanchant le parfum de mes terres gasconnes.
Saturne en tarisseur des sources juvéniles Vint tourner les talons à ces temps lumineux, Rêves échafaudés en terrain buissonneux Ancrés en mon esprit comme un temple du Nil.
Des prémisses inscrites au fronton de l’Europe, Celsius en évinçant Monsieur de Gay Lussac Glissa sur le pays l’ombre de Rastignac, France ton œil mutin n’est plus qu’hypermétrope !
Les registres écornés couchant mes inventaires Emplissent depuis lors l’armoire aux souvenirs L’acquit a pris congé dans un dernier soupir Adieu comptes à folios des entrepositaires !
La clepsydre aujourd’hui coule une eau de boudin Sous le pont de l’Alma la seine est réséda, Et du torse au zou zou autrefois almandin Monte aujourd’hui le goût d’un baiser de Juda.