Tapie sur l’osier de la chaise Percluse au fond de sa douleur Elle n’a pas tourné la tête Poussant une petite plainte, Sa prunelle s’était éteinte Et sa robe trop maigrelette Fanait depuis peu ses couleurs, J’éprouvais un profond malaise.
Autrefois en félin agile Qui se moquait des pedigrees Elle dictait loi en ses gouttières Pourvue des nobles attitudes Elle nous toisait avec quiétude Lustrant le poil de sa crinière Sous sa paupière et à son gré, Tour à tour guetteur ou vigile
Toute période était de chasse Aux aguets d’un menu fretin, En son œil luisait un canif, Et sous sa paire de prunelles Elle acérait comme un scalpel Le rasoir de ses longues griffes, Et les rongeurs jusqu’au matin Perfectionnaient ses entrechats.
Elle entrait dès potron-minet Avec un air mimant le tigre Approchant sa tasse de lait Qu’elle lapait du bout de sa langue, Puis étendait son corps exsangue Rêvant aux nuits échevelées Troquant un rôle de chat-tigre Contre un coin de la cheminée,
Elle instaurait ses habitudes Nous observant fidèlement, Puis installait sur nos genoux Sa toison de velours Le regard de l’amour Son minois de minou De longs ronronnements Emplis de gratitude.
Aujourd’hui j’ai quelque chagrin Et un peu de peine à vous dire Que son œil jadis nyctalope S’est éteint au fond de la nuit, Et demain ma belle-de-nuit Hantera la maison non-stop Dans le silence du mourir. Adieu ma chatte boute-en train…