Estime vicennale.
Le printemps assena un vil coup de boutoir
Aux projets d’avenir d’une amitié ancienne,
Scellée durablement autant qu’il m’en souvienne
Sur l’épaule adoubée du temps aléatoire.
Une tache assombrit ta ligne d’horizon
Masque noir, suspendu au fil de tes pensées,
Et si le doute encra ton regard bouleversé
Il n’a pas asséché le cours de tes saisons.
Quand ce blocus ancré au dédale charnel
Dont un grappin rebelle incruste la paroi,
Insinue son venin tel un serpent de Troie
En tes désirs fixant la sortie du tunnel.
Sous le cercle aveuglant d’une rampe bleutée,
En livrant ton destin au scalpel d’un artiste,
Insigne thaumaturge, merlin illusionniste
Ton fléau bascula aux blondeurs de l’adret.
Mélusine a creusé en cette circonstance,
Le sillon obstrué de ta ligne de chance,
Et sa baguette d’or, magique providence,
Arpégea la portée d’un nouveau pas de danse.
Tu classeras bientôt au rang des souvenirs
Ces heures où l’anxiété écorche la confiance,
Alternant ça et là rêve et verte insouciance,
Eclaboussant l’écran de ton proche avenir.
Demain, car c’est écrit, à l’orée de l’hiver,
Au prime soubresaut des frimas de janvier,
Tu plieras tes chemises et ton vieux tablier,
Le cœur prêt au trajet d’un nouvel univers.
Un trop plein d’émotion voilera ton regard
Dans le miroir sans tain de quelques décennies,
Où tu pris un long bail loin des monotonies,
Sous l’azur claire voie où ta raison s’égare.
Au nom d’un bad-seller, l’ignoble CGI
Tombera dans l’oubli des livres de chevet
Où ta soif danaïde naguère s’abreuvait,
Faisant fi des parfums du Romanée Conti ?
Tes journées s’ouvriront sans borne ni licou,
Offrant un libre cours au gré de tes envies,
Mordant à belles dents les gorges de la vie
Que tu courtiseras sans en payer le coût.
Aux sentes d’amitié j’emboîterai ton pas,
Posant mille jalons sur nos rives d’automne,
Et si tu le veux bien, si le bonheur tâtonne,
Viens oublier tes maux autour d’un bon repas.
