Peuple toi qui grava les trois mots argentés Inscrits sous le ciseau au front des bâtiments Afin de faire honneur aux preneurs de bastilles Ont-ils été troqués pour un plat de lentilles Entre la liberté vouée au faux serment Et le vœu pieu d’antan prisant l’Egalité…
La fête bat son plein au quatorze juillet Au jardin d’Elysée la sommité banquette Le meilleur cru rougit le Lalique en cristal Et si la fleur de lys a perdu ses pétales Si le bonnet phrygien ne couvre plus les têtes La république trinque de son bras séculier Aux tablées s’agglutine une gent éminente Grisée de ces nectars issus de nobles treilles Versés sans retenue par un flot d’échansons. Le met le plus goûteux se répand à foison A rendre un peu jaloux la cour du roi soleil, France ton destrier se meut en rossinante.
Vous les verrez manants à l’ode quinquennale Juchés sur un radeau très à contre courant Vous offrir un éden, la lune et ses quartiers L’iris de l’arc-en-ciel promis par pans entiers, Tout en vous révélant, sous vos propres auvents Prétendre éclabousser l’ombre du général. Ils viendront sur un fond de registre émouvant Bâtir un château fort aux fondations de sable Que viendra ravager la moindre vaguelette, N’engagez donc jamais vos voix à l’aveuglette Préservez nos frontons d’idées irresponsables Où s’en viennent nicher grue ou engoulevent.
J’entends déjà d’ici leurs paroles parjures Vociférées au nœud de leur langue de bois Sortant d’un chapeau claque un fatras d’illusions Décuplant sans vergogne une idée d’occasion. Loup cervier de Vigny à jamais aux abois Aurais-tu survécu jusqu’à point de rupture ? En ont-ils oublié l’écho du ça ira La cohue révoltée, celle que l’on fusille Et de ces bouches en roue de paon Les mots s’enlisent à nos dépens, A force d’errements la confiance vacille L’homme n’écoute plus parler Zarathoustra.
Au coeur de leurs fêtes galantes, Lance ton flot de bactrioles Luisant en tes yeux d’orpailleur Sur un parcours d’ailleurs meilleur Tamisant les eaux du Pactole De croyances mirobolantes. Faubourg St. Honoré jouxtant la rue du Cirque A force de confier tous mes espoirs déçus Au théâtre guignol le peuple impoli tique A force de subir son lot de coups de trique Mes yeux vers l’horizon ne se bleuteront plus Où se sont envolées les pensées chimériques