La fête à gueule avide Tance la solitude L’incertitude, En cette aube livide Je viens te censurer Jésus de Nazareth…
L’hiver perce d’aiguilles Son visage émacié D’un bleu acier, Il se recroqueville Quand la bise le mord Sans un remord Il ne crie plus famine, En son manteau hermine Décembre s’illumine, Le dessein s’achemine D’un être qu’on lamine Le cœur criblé d’épines
Blanchi sous le harnais Ce n’est qu’un vagabond Un moribond, A la main décharnée Tendue vers des badauds Tournant le dos Son pas va grelottant, En silence il frissonne Sans une aumône, Ce n’est qu’un chien errant Supplicié face au vent En plein avent
Il a pour compagnons Un duo de bâtards Et sa guitare, Harcelé du guignon Blotti sous une porte Pauvre cloporte ! Ce n’est qu’un étranger Encombrant la chaussée Sans ami, délaissé, Or ce gueux dérangeait La lueur des lampions Du réveillon.
Aux portes d’une église En tirant le verrou A ce grigou, Le tocsin fut de mise En ce jour de gala Entends le glas. Il vécut à la dure Etouffa tous ses cris. Son sort était inscrit, Sans un mot, sans murmure A l’aube il disparut Comme il était venu.