Si sans relâche nous errons Vers l’éclat d’or de ton cristal, Qu’est devenu ce pur Graal ? S’orne t-il toujours de fleurons ?
Je crains des amitiés la noirceur de façade Où se nichent à foison les arrière-pensées, Barbelés écorchant les esprits carencés Dressant contre le cœur l’étrange barricade.
Je sais de l’amitié l’apaisante chaleur, Du limpide regard poursuivant en silence, Le chemin défriché au hasard d’une alliance Anneau parfois gravé des plus vives douleurs.
Je crains des amitiés son chemin crucifère De brisées calfeutrées, où chaque pas s’escompte Comme à la loterie. Où, le laissé-pour-compte, Noie son âme égarée auprès de Lucifer.
Je connais l’affection et sa salve d’étoiles Où clignote à loisir le complice clin d’œil, De mânes blanches en apparat de deuil Tombées au couperet du squelette fatal.
J’ai perdu l’amitié au venin calomnieux Instillant goutte à mot sa source lacrymale Lâchant par trop la bonde aux bordées déloyales Soufflant la trahison sous ses traits fallacieux
Je porte à l’amitié la vertu cardinale Des cœurs entrelacés par la chaîne féale Le lien confraternel, la corde ombilicale Du sobre adoubement prêté à Durandal
Des âcres dissensions, aux brèves illusions, D’aucuns passent le pas des paroles parjures Voix perçues sans écho au fronton des injures Ecchymoses avivant d’incurables lésions.
Forgeuse à profusion des plus hautes vertus, L’amitié coule à flot dans les cœurs en fusion, Au creuset singulier des saines effusions Où le sentiment fort est aussi le plus tu.
Si l’amitié s’inscrit en mots inoxydables Pressés au laminoir du rêve adolescent Le cœur égoutte-t-il son sang Sur des serments emplis de sable ?