C'était un quartier pauvre fait de maisons en planches Et de rues défoncées,parsemées de cartons De clochards et de bars aux musiques démentes Et de filles métisses aux courbes de violon.
Elles vendaient ici leurs corps fins, leurs dents blanches En sanglotant de rire, inondées de frissons Telles des cygnes blessés que la pluie ensanglante Dans les flots écarlates des flaques de néon.
L'endroit était hanté, y dansaient des images Sur les verres d'alcool comme des papillons Et les cadavres bleus que la lune dévoile Semblaient se refléter au cœur de ses plafonds.
Ainsi,livrant leurs corps, leurs hanches chavirant Irradiées par les drogues,elles s'offraient, défiantes La silhouette tordue par le creux de leurs reins Et le visage peint de couleurs insolentes.
S'agrippant à la vie, les yeux emplis de hargne Leurs flancs nus affolant le regard des passants Elles hurlaient dans la nuit leurs misérables drames Coincées contre les murs, tanguant sur leurs talons.
Et quand elles s'endormaient en fermant leurs paupières Le fard dégoulinant de leurs joues à torrents, On eut dit que leurs larmes,accrochant la lumière Scintillaient sur leur peau comme des diamants.