Très puissant océan, sinistre, et vaste, et fier, Je voudrais aujourd'hui te faire une prière : Veux-tu tisser pour lui quelques cordes d'écume, Et préparer pour lui un gouffre d'amertume ?
Il viendra sûrement te tâter de l'orteil, Le compagnon charmant, le sportif, la merveille : Sans espoir de retour, toi, tu l'entraîneras. (Tu peux, si tu le veux, laisser croire à l'exploit...)
Vaste océan pour moi tu le suffoqueras, L'emplissant peu à peu de sanglots très-amers ; Sinistre océan son grand corps gourd tu feras De sel et de fatigue, et d'oubli de la terre.
Et puis, fier océan, l'achever tu pourras, De la façon et quand tu le désireras, Souviens-toi seulement, à l'instant sans pareil, De murmurer mon nom au creux de son oreille.