Je parle d’une enfance D’un pays aux veines bleues Au ciel mouvant mélangé de soleil Je parle d’une enfance Parmi les toits et les murs D’une ville si secrète Qu’elle s’étend en murmure
Je parle d’une enfance Et des bazars de ville De quelques sous d’espérance Pour acheter des jouets inutiles Soldats de plomb Tigres et lions plastiques Gardes de carton Bêtes à cornes et pays fantastiques
Je parle d’une enfance Et du roi que j’étais Je connaissais toute l’Amérique Mon lit ne mesurait qu’une de ses immensités Je voyageais alors au rythme de courtes saisons épisodiques Faites de la longueur des heures de jeudis blancs Rien n’était bien cyclique Automne hiver été printemps Je rêvais devant toutes les boutiques
Je parle d’une enfance Parmi les toits et les murs A la fenêtre Monsieur le Monde passait à mes côtés Des trains de marchandises échafaudaient des pyramides Le ciel au soleil accrochant quelques rides
Je parle d’une enfance Parmi les toits et les murs Chez nous Un chien nous racontait la rue Reconnaissant les pas sûrs Huit heures le lait la grande école Midi le train les casseroles L’hiver le linge pendait dans la cuisine L’été l’Amérique s’étendait à la courée voisine