Enfant, je pensais que le vent acheminait les lettres, De l'expéditeur à leur destinataire. J'avais un jour, en ville, Vu voler dans une bourrasque Quelques feuilles de papier. Pour moi, le monde s'organisait ainsi, Par la grâce de puissances invisibles, Dans une suite de processus magiques.
Je suis resté longtemps perplexe Sur le rôle exact du facteur, Que je voyais distribuer le courrier, Me demandant comment il pouvait savoir, Que le vent lui apportait des plis à distribuer. Il existait donc des hommes Capables d'entendre et de parler aux vents...
Le vent puissance invisible et perceptible. Le vent odeur, température et force. Le vent devait aider la Terre à tourner, Puisqu'on me disait que la Terre tournait.
Causes et effets amalgamés Dans ma perception du monde, Pour donner consistance au réel.
J'aime à croire à la magie des choses et des êtres, Aux souffles qui actionnent, Aux brises légères qui animent, Aux feuilles qui volent vers quelque part, A l'invisible explication des évidences absurdes, Au désir et à l'amour aussi, Qui donnent goût aux frissons des baisers du vent.
J'aime à rester enfant, Pour entendre les sons secrets, Les harmonies des dissonances, Voir les couleurs sourdes Des lumières des désirs.
A sentir le vent sur ma peau, Je crois au tendre de ton regard.