Ma poésie bleue lambine le cours des jours. Limace aveugle elle bave son empreinte, Qu'un soleil noir efface au temps de mes amours. Les mots se diluent en soupe de mes craintes.
Ça rime en alexandrins, scandés de langueur, Sur les bords du vide de l'absence d'envie, Cri animal, terré au profond de ses peurs, L'encre virtuelle mousse d'un sable lie.
Mes mains se froissent d'un papier blanc griffonné, D'une peau, que le temps chiffonne de rides. Les phrases s'épousent d'une harmonie voilée, Sur friche jachère du désir aride.
Les parfums d'humus et de sueurs embrasés Cachent les essences de lavande juillet, Qu'une embellie chaude donne aux mots saupoudrés Sur les fragrances amères de vieux secrets.
Des airs déchirés lâchent leurs viscères sang, Sur les odeurs des grands égouts oniriques, Qui déversent leur flot gluant de boniments, En taches indélébiles ataviques.
En spirale de musique ritournelle, Je chante la même complainte des amours, Qui du fond du ventre feu brûlent leurs ailes, Sur les grands chemins, hasard bleu des non-retours.
Ma poésie dessine les frêles contours De nos corps de limaces en rut pesanteur, Sur les horizons terreux des boues d'alentour, Pour un bain de glaise des mots gourds du bonheur.