Je ne pensais pas qu'il était déjà si tard, Dans l'âge mûr de nos amours clandestines. Je croyais au printemps, à l'automne blafard. Nos lèvres bleues, déjà, n'étaient plus mutines.
Le temps de nos peaux tannées aux griffes passions Donnait aux miroirs les rides des abandons, Quand je ne voyais qu'en surface le frisson Doux du désir ignorant de l'âge raison...
Il était déjà lendemain, dans mes espoirs, Que j'inventais encore' en promesses d'envie, Les folies à venir d'un futur à valoir, Où la source se faisait sèche d'embellies.
Je n'ai rien vu, rien tenu de nos silences, Entre les lignes détours aux creux de nos nuits. Mon rêve éveillé, au regard d'insouciance, Me jette au matin de ce jour, où naît l'ennui.
Au bord du gouffre béant de solitude, Quand le corps oublie ses formules magiques Du plaisir découvert de nos magnitudes, Chancelant, je vacille au temps syncrétique.
Je ne pensais pas qu'il était déjà si tard, Que la nuit s'était posée depuis quelque temps Sur les courbes reines, que je voyais pourtant Comme amant ivre de son verbe goguenard.
Il est alors demain, où je te cherche encore' A rebrousse temps d'un calendrier chafouin. La lave temps s'est figée, saisie sur ses bords. Ne reste que des grains de sable, sous la main.