C'est un frêle esquif sur les galets de terre Roulant sans cap dans les creux aux souffles des vents Lancé sur le macadam froid ventre à terre La route s'avale en ponctuation du temps
Les chevaux sont d'acier d'huile et de prétrole Vague souvenir de chairs de sangs et sueurs La cargaison vaut son pesant cher pactole D'un fleuve d'argent à écraser le bonheur
Quarante cinq tonnes de semi-remorque Se font la montre sur l'autoroute du Sud Cabine climatisée sur mouchard lorsque Le temps se fait la belle au radar vers le Sud
A traîne misère au volant les images De ce corps de sirène oubliée dans un lit De cailloux précieux aux baisers d'un autre âge De kilomètres sans fin d'aucun appétit
Aux instruments navigation sans surprise Le temps se rétrécit au loin des livraisons Vitesse limitée d'une ivresse grise A compter les primes d'une rétribution
A rire sans raison le coeur s'oublie un peu Aux saveurs immobiles d'un ciel sans chemin Il faut être fou il faut se taire amoureux Pour oser prendre la route de ces engins
Vaisseaux de l'apocalypse des vitesses Un téléphone sonne le lien des amours Quand les mots lointains se voudraient des caresses Un camionneur songe aux baisers de son retour.