Vos
poèmes

La neige coule en soupe tiède
D'un automne des premiers frimas.
Sur les coteaux, les pentes raides,
Ruisselle l'or blanc en contrebas.

Des bouffées d'air chaud du Sahara
Posent des gouttes de sang bruni,
Sur ce manteau blanc qui ne tient pas
Sur une terre qui sent l'ennui.

Les canons à neige en batteries,
Fier gaspillage du commerce,
Cracheurs d'eau chaude vers l'ennemi,
Tonnent en puissantes averses.

Un sang noir coule aux rues de Paris.
Une conférence réchauffée
Sur le climat lance des paris.
Les canons à neige débridés.

Pendant la guerre, sous l'étendard,
Chacun voit midi à sa porte
Et sur le temps pose son regard.
Monte un cri que le vent emporte.

Le grand chaos des multitudes
Organise toutes peurs barbares.
Chacun au creux des habitudes
Applaudit à sa propre fanfare.

Le vent chaud du Sud balaie les rues
De grains de sable d'armes lourdes.
La neige fond de déconvenue.
Les larmes chaudes restent sourdes.

L'hiver viendra et son manteau froid
Portera des taches brunes sang.
Sur l'écran de notre désarroi,
Sur leurs skis, glisseront des enfants.