Il ne pousse rien sur les longues absences Qu'un peu de mélancolie et beaucoup de peurs La peine et le manque n'ont pas la décence D'oublier le temps des promesses du bonheur
C'est un chardon piquant aux feuilles acérées Qu'il faut brouter comme la seule pitance Qu'offrent les appétits des âmes égarées Dans la solitude maigre de l'errance
Nourriture amère de notre liberté Déesse vénérée au risque de l'oubli Coeur solitaire pour cette nécessité De croire que l'homme a le choix de son ennui
Aux belles fortunes de mer au goût salé La face se burine de cicatrices Que le soleil assèche d'un souvenir né Aux plaisirs éphémères d'un temps factice
Aux lèvres de baisers chauds naissent les larmes Du vent qui comme un fou se faufile vite Sans respirer ni jamais baisser les armes Dans les amours innocentes qui l'habitent
L'échine se courbe pour résister encore' A la force pulsionnelle d'un fou désir Qui déchire le temps de son rythme plus fort Que la raison soumise aux mornes déplaisirs
Une bourrasque plus forte que les autres Vient mettre un jour à terre le bel édifice Adieu liberté et tes mauvais apôtres Au temps compté fi des absences factices.