J'ai laissé une gitane prendre ma main Sa poitrine débordait de son corsage Son regard et ses mots venaient d'un autre âge Elle disait savoir lire les lignes de la main.
Elle sut bien prendre l'argent que je lui donnai Me contraignant à vider mon porte monnaie Docile à ses mots je me suis laissé violer Sans résistance et sans âme à lui opposer.
Elle ne m'a rien dit que je ne savais déjà Que j'étais tendre gentil et plutôt sympa Mais pour quelques billets que ne dirait-on pas Quand on vit de vent et de mensonges ici bas.
Je ferai l'amour jusqu'à quatre vingt cinq ans Je verrai encore refleurir de beaux printemps Et pour croire que les poules aussi ont des dents Je vivrai encore jusqu'à plus de cent dix ans.
Mon imaginaire en a pris un sérieux coup Que j'avais à tort confié à des rêves doux Les gitanes elles non plus ne savent par où Evoquer la peur la crainte et l'effroi du loup.
A l'ombre de l'église des Saintes Maries Entre tous les commerces bars et foutreries Docile cheval de guerre à la boucherie Sans réagir j'ai écouté ses menteries.
Triste de ce mauvais coup à la poésie De la complicité des gitanes aussi De l'insulte du commerce à la rêverie Je déplore la fin de la chiromancie.