Le bonheur c'est simple comme le regard doux D'une grosse vache paisible ruminant Posée dans la calme campagne n'importe où Au milieu de son troupeau sans souci du temps
Le malheur c'est simple comme un enfant qui meurt Dans les bras de sa mère que saisit la nuit Dans les couloirs froids au vent de toutes les peurs En un lieu nulle part où se nourrit l'ennui
Les ruminants ont un privilège secret Qu'ils ne peuvent partager avec personne Les femmes seules ont accès au couperet Qui tranche dans leur temps quand une heure sonne
Le monde est ainsi mal fait de simplicités D'évidences inaccessibles au commun Qui cherche toujours trop loin sa félicité Qui échappe pour se donner à quelques uns
Le malheur existe-t-il pour les ruminants Et qui saura parler du bonheur des femmes Quelque part dans la fulgurance d'un instant Délivrances abattoirs pour mêmes trames
Malheur et bonheur ne se partagent jamais Ils sont à chacun parfaitement ajustés Quand l'un rit l'autre éprouve déjà des regrets L'intime dans son mystère reste ignoré
De l'extérieur il ne transpire vraiment rien Quelques apparences qui s'échangent parfois Donnent le change dans la meute des destins Mais seul tu approches le sens de tes émois.