J’ai parlé aux murs de pierre du village. Ils m’ont renvoyé des cris de peur et d’horreur, Mémoire morte minérale des âges. Ils ont résonné leur timbre sourd de froideur.
Passions mortes et autres rendez-vous d’amour Bruissent encore de leurs vibrations dans les rues. Elles courent, ombres furtives, aux alentours Des passants présents, qu’elles adorent mettre à nu.
Dialogues impossibles avec ces espiègles, Témoins muets susurrant des verbes gelés, Cris lointains et perçant de grands aigles, Déployant leurs ailes d’oubli sur la cité.
Ici coulait une fontaine d’eau fraîche, Là brûlait le feu puissant d’un vieux forgeron. A la place du bar, était une crèche, Imagerie mémorielle d’un placard sans son.
Une voiture m’a frôlé rapidement, Son conducteur m’a adressé un doigt d’honneur, Peut-être un message venu du fond des temps, Que les pierres posaient sur le chemin des fleurs.