Rien ne change et pour autant tout se transforme, L'autre dans la glace, qui vous dévisage A surveiller ses rides, son poids de forme, Quand le miroir étrange fige son âge.
Des cicatrices invisibles sur la peau Signent de leur marque quelques mots interdits, Qui se refusent au bonheur, en oripeaux A vêtir les soirs de brumes, les jours de pluie.
Des joies s'inondent aux petits riens des jours bleus, A goûter les délices des doux abandons. Depuis longtemps, on ne rêve plus d'être heureux, On trinque à la coupe, au breuvage des saisons.
Le temps se fait impermanence d'infini. Aux lèvres des fées, quelques baisers vaporeux Donnent l'illusion d'un futur bien trop petit, Pour contenir tous les rêves de merveilleux.
Le sang se traîne lourd entre les frissons froids. Le désir se meurt aux hormones frelatées. Le souffle se perd, sur la glace des émois, De souvenirs qu'on se prend à enjoliver.
Les fesses flasques tombent sur les reflets bleus D'une psyché, qu'un rai de lumière éblouit. Les seins d'une peau rêche se sèchent à deux, Sources taries de longues lunes d'appétits.
Rien ne change et pour autant tout se transforme, Des corps qui voudraient oublier le poids des ans. Dans le coeur les amours se foutent des formes Et métamorphosent le désir des amants.
Vieillir au coin de lumière des jours heureux, Chaque jour croire encore aux lendemains du temps D'espérance de l'autre à se connaître deux, Quand les mains se tiennent au bord d'un entre' temps.