J’aime à faire glisser ma plume sur papier L’encre est noire et la feuille souvent très chère On me dit que ce sont des arbres sacrifiés Pour des balivernes qui cherchent à plaire
Mes calembredaines et carabistouilles Coulent bien fluides de mon stylo d’apparat Qui peut transformer de vulgaires citrouilles En chimères et en athlètes de combat
Les écolos austères ne font pas chanter Les points et virgules de mes divagations Mes doigts tâchés d’encre courent sur le clavier Sans plume et sans papier pour des péroraisons
Les arbres aussi aiment écrire les mots Des mystères entremêlés dans leurs branches Leur alphabet grammaire et syntaxe bien haut Sont les rêves des plus belles pages blanches
J’aime l’odeur de la sciure de l’été Quand la résine d’épicéa parfume L’atmosphère féroce de nos forestiers J’en fais de sylvestres hommages posthumes
Laissez-moi des feuilles vertes, chlorophylle Sur les herbiers d’herboristes des quatre vents Pour que ma plume azerty d’encre infertile Coule les lignes d’azur des indifférents.