Le ciel est noir enfumé de paraffine Au pied de chaque fruitier les flammes d'espoir Rougeoient de chaleur sous le ciel qu'on devine Bleu clair d'une aube gelée de reflets miroirs
Les fruits couleront de leur jus aux feux d'été Si le printemps laisse les fleurs s'épanouir Dans les matins roses des branches de pêchers Qu'un pot de cire réchauffe d'un élixir
Une chape noire d'une suie profonde Enserre l'espace loin des griffes du gel De la lumière que le matin inonde Surgit soudain l'abîme noir d'un antigel
Fragile protection née de quelques flambeaux Allumés dès potron-minet par quelques mains Tremblantes d'inquiétude face au renouveau Menacé en bougeon tendre très incertain
Une morsure même légère du froid Au coeur de la fleur un baiser porteur de mort Donnerait les couleurs d'un printemps désarroi D'une sève figée par le fort vent du nord
Des voitures défilent sur l'autoroute Bordant les plantations d'arbres en fleurs de vie Dans le vallée du Rhône c'est jour de doute Pour les jardiniers cultivateurs de ses fruits
Pour les conducteurs c'est l'éclairage des feux De croisements de leurs optiques de route Soudain plongés dans les flammes noires des lieux En ce matin printemps ils sont pris d'un doute.