Je compte un cadavre parmi mes chers amis Hêtre de bois il gît sur un rude chemin Je le connus quand il s'inclina en chablis Le vent et l'orage scellèrent son destin
Je le salue à chacun de mes passages D'une caresse tendre sur son tronc hâlé Aux rigueurs des saisons mortes de son âge Gardien du décompte des temps à inventer
Il reste muet massif à flanc de ravin Geôlier des espaces ouverts sur les amours Nourrissant les mousses vertes de beaux chagrins Dans sa mort il donne la vie au fil des jours
Je l'aime de tendresse comme l'un des miens Sachant solide à jamais notre relation Jusqu'au fond de notre temps et des petits riens Nous sommes d'évidence de mêmes saisons.