Judiciarisation de nos rapports humains Les secrets des amours bleues devant les juges Aux lignes des codes les baisers les chagrins Quelque chose est pourrie quand on se méjuge
Aux prétoires les oraisons des manquements A l'examen des obligations légales Le droit de mal aimer s'égare allégrement En contingences froides de voies pénales
Les larmes s'assèchent en jugement de droit Ouvrant de larges brèches où sombre l'oubli Qui n'a plus le temps de ronger de ses renvois Les ruptures construites au fil de la vie
Les distances ne se forgent plus d'espace Pour ouvrir à la haine son tricot de peau Protégeant de désamour les liens fugaces Qui geignent leur force d'empreintes d'oripeaux
Un jugement de justice ne fait pas loi Au tréfonds des coeurs qui ne sèment plus d'amour Il traîne un filet d'encre inerte désarroi Qui va pourrir le ferment de nouvelle cour
Les rencontres futures portent la trace D'une saignée d'article de loi dans le coeur La tendresse rabougrit son doux espace A la crainte enfouie de l'impossible bonheur
Sous la robe des juges transpire un désert D'un sable sec érodant la peau des hommes Qui cherchent à s'émanciper par un revers De loi des foisons de liens que rien ne gomme
A se vouloir trouver trop de responsables De toutes situations des amours mortes On invente des blessures sans coupables Pour apprendre à vivre comme des cloportes
Sous la robe des juges grouillent des cafards Qui suintent le jus d'un verbe sans désir La vie se nourrit loin des prétoires blafards Des coups de gueule des béances du plaisir.