Langue de vipère Que celles de nos pères Savaient à nos frères Dire de se taire.
J'ai perdu ma langue gardé un goût de sang Aux accents étrangers tournures de pensée Ne sachant quoi crier d'une langue oubliée Du flot de la vague vernaculaire absent D'où les mots abondent âme vagabonde Indigène immonde d'une terre ronde La bouche muette blessure secrète Ne fait plus la fête mots bleus en disette.
Langue de vipère Que celle de mon père.
J'ai perdu mon âme trahissant ma langue Au joug de la lame je demeure exsangue De n'avoir résisté à la modernité Et ses commodités qui m'ont fait dénigrer Les mots qui m'ont bercé langue d'accent chanté Source de ma pensée intime humanité Pour la sémantique et la rhétorique De l'informatique et l'électronique.
Langues de vipères Que celles de nos pères.
L'anglo-américain nous montre le chemin Et c'est déjà demain au regard des anciens Langue universelle chante ritournelle Epoque cruelle ma langue nouvelle Devient éternelle chantre des pucelles Quand les autres belles voix d'autres nouvelles Promues langues mortes deviennent cohortes Parlées de la sorte langues lettres mortes.
Langue de vipère Que celle de nos pères Savait à nos frère Dire de se taire L'accent étranger Nous ouvre la pensée Quand à son tour il sait Nous dire ses secrets.
Je parlerai Ricain Pour chanter des refrains Qui apprendront demain La faim aux Africains Le sida aux virus Le ton Stradivarius La paix nucléaire Aux gens de la terre La raison du plus fort A ceux qui rêvent encor'.