Je ferai sonner des musiques nouvelles Puis retentir des dissonances suaves Je peindrai des couleurs de peaux naturelles Qui s'écouleront en rivières de lave
Je donnerai des langues vertes et chaudes Pour multiplier les mots tendres de l'amour Des parfums enivrants qu'un soleil galvaude Frétilleront un air de fête pour toujours
Les mains n'auront d'autres gestes que caresses Sur des corps lascifs respectueux du plaisir Dans le temps qui se décomptera tendresse Les heures s'épanouiront d'un constant désir
Comment dire les supplications de l'amour Sans plonger la planète dans une mare De sang et de tripes ouvertes alentours Souffrir en silence sans grand tintamarre
Quand les êtres humains ne sauront plus s'aimer Dans leur désir de chair aux pulsions sublimées Il se fera silence de nos surdités A entendre chaque cri métamorphosé
Les plaintes tenues sous la chape chimique N'éclabousseront que les murs de cabinets D'agents de santé facteurs d'ordre publique Plus besoin de promesses ni de martinets
De la Terre des Amours nous sommes humains De la mutation de nos peurs archaïques En désir de bonheur aux creux de chaque main Barbares aimants de plaisirs ataviques
Nos mots bleus coulent les rêves de nos douleurs Rivière sans cours abreuvant nos souffrances Quand nous pouvons pleurer le goût de nos malheurs Comme goutte perle d'une peau d'errance
L'illusion folle nous retient tous en éveil Inventeurs impénitents de nouveaux espoirs Au bout de chaque nuit les spasmes d'un réveil Au désir de vivre pour aimer s'entrevoir
Comment crier plus fort encore le vide Qui enserre le temps des hommes dans le vent Destructeur du désir toujours impavide Soufflant la rage des entrailles des amants.