Un lapin bleu oreilles baissées m'a parlé Je l'avais déjà rencontré un soir d'été Quand à l'orée d'une forêt je butinais Une rose bleutée qu'un désir enfiévrait
Il m'a dit souffrir de la perte d'une amie Qui venait de lui annoncer qu'elle' le laissait Pour vivre tranquille dans son foyer sa vie Renonçant aux frasques de toutes leurs envies
Ils avaient été amants dans les champs de thym Au clair de lune jouant avec leurs ombres Ils s'aimaient de désir et s'embrassaient câlins Sans aucun nuage pour leur faire' de l'ombre
Oui mais voilà ce lapin avait un gîte Où l'attendaient madame et leurs habitudes Et la rose elle aussi un toit qui l'abrite Avec concubin et autres servitudes
Sa belle amie prise de remords le quitta Pour s'installer au coin chaud de sa cheminée Se chauffant le poil et ouvrant large ses bras Au régulier d'un calme et de tranquillité
Elle regrette me dit-il d'un air lamenté Et je pleure la fougue de nos étreintes Mais que voulez-vous pour une rose inventer Quand le plaisir douillet prend formes de craintes
Puis ce lapin me regarda et se souvint De m'avoir vu en bonne compagnie d'amour Il redressa l'oreille et d'un air très malin Me dit ainsi va le sort de tout troubadour
Devant Dieu et toutes les femmes de l'amour Je fais une promesse à ce frère d'arme Plus jamais dussè-je périr de désamour Je ne passerai de lapin par les armes.