Qui se souvient de ces drapeaux blancs du matin Flottant au fil à linge des étendages Et annonçant à l'attentif voisinage Naissances à venir et rythmes féminins?
Mangés par les mites ou autres insectes Au tréfonds des commodes de nos grands-mères Sous un sac de lavande séchée infecte Et de naphtaline sur des étagères Ils ont perdu à jamais leur privilège D'annoncer alentours en flottant au vent chaud Sans commettre jamais aucun sacrilège Ce qu'il en était de la vie de ses sursauts.
Aux drapeaux blancs de tissu journaux de quartier Notre époque à donner aux femme libérées Quelques subtils tampons blancs de supermarché Très vite glissés en course dans un panier Adieu donc aux potins de chacun des voisins Les secrets sont gardés des rythmes féminins.
Qu'il soit enfin rendu à ces fiers étendards L'hommage solennel toujours trop attendu D'avoir des siècles durant sans aucun retard Annoncer le sang sans outrage à la vertu.
A la vulgaire et suggestive patte à cul Notre vocabulaire ennemi des mots crus D'une époque aux métaphores de substitution A préféré dire en pruderie le tampon.
Temps de Pax Americana sur le monde Des jeunes femmes utilisent cette bonde Le temps passe et les flux menstruels de la vie Sont aujourd'hui cachés interdits et proscrits.
Les vieux drapeaux oubliés au fond des placards N'offrent plus leur image flottante aux regards Les commères du coin ont fermé leur caquet Les femmes libérées ont gagné au progrès.
La publicité vend la vie en images Sans crainte de mêler désirs et carnages Jetant sur les écrans des femmes illusions S'affichant pour vanter les vertus d'un tampon.