Entrelacés aux profondeurs noires d'oubli Les souvenirs couvent en secret leurs cancers Ils tissent les regrets les remords aussi Fermentent un jus fielleux mangeur de la vie
Etre libre c'est pouvoir ignorer les passions C'est glisser sur les émois jusqu'à s'oublier C'est pouvoir perdre les délires de la raison Et n'être plus qu'un esprit jamais tourmenté
L'histoire se fait au fil des ignorances Ce qui tant compte aujourd'hui demain disparu Constructions progressives des importances Les amours les bonheurs les peurs inaperçus
Seul face à son destin chacun se transporte Une empreinte à jamais posée sur la terre Emprunte sa voie courre et passe des portes Un souvenir une larme de naguère
Les rencontres tissent les mailles d'un tricot Un filet gigantesque se tend des amours Dont la terre se vêt la nuit pour avoir chaud Et promettre au futur l'impossible retour
La mémoire des hommes est folle de douleur Elle repeint sans cesse les mêmes grandes peurs Le prix à payer du bonheur se dit souffrir Il faut un grain de martyre à leur souvenir
L'avenir incertain le passé mystère L'homme souvenir au jour de sa naissance Pour croire aux fugaces instants du temps présent En existence s'invente une conscience
Etre libre l'homme est sa propre chimère A fuir ses rêves il patauge en réalité Au bonheur enfui du ventre de sa mère S'invente des souvenirs pour avoir été.