La haine, sans fin, traîne son fleuve sable, Donne ses couleurs, odeurs de vases noires, Aux antiennes ineptes d'un misérable, Ivre d'une vengeance toujours à boire.
Sa raison se noue, au temps privé de futur, Dans l'impossible échappée de son impasse, Pavée de certitudes au bas de hauts murs, Sur lesquels résonne une violence crasse.
Sonné, debout sur le ring de ses vieux combats, Perdu, seul au loin d'un murmure de foule, Il sent la rage le ronger de ses débats Intimes, chaviré d'une douce houle.
Nul ne peut le défaire de cette haine, Qui le tient à jamais vainqueur de ses démons. Mille coups portés sur ses folles rengaines Ne feront taire son refrain de déraison.
Il titube et sa rage le porte à vouloir Encore et toujours se dire la victime De l'injuste sort, que lui renvoie le miroir. Il veut briser ce reflet illégitime.
La haine est son Eden en son présent perdu. Elle le porte à être à lui-même seul dieu De victoires perverses, de combats, repu D'une toute puissance à se connaître preux.
La haine ne peut pas mourir et s'en aller. Elle est sa gloire et son aura de victime, A jamais elle portera sa destinée, Seule passion aux creux secrets de l'intime.
Plutôt la mort, que cette injuste défaite. Dieu ne saurait abandonner sa création. La haine, seule vraie compagne parfaite, Ne saurait vivre sans jouir de déraison.