J'ai couru écoutilles ouvertes au vent Après ce rêve fugitif qui s'échappait Sur les chemins escarpés des frêles serments Pour cueillir à grandes goulées l'air des forêts
Haletant je laissais ouverte ma bouche A ce flux salvateur me donnant l'énergie De suivre au loin floue cette ombre entre les souches Une promesse à saisir un brin de folie
Aux feuilles déjà jaunissantes les parfums D'humus et de terre faisaient un tapis d'amour Comme une grande vague chargée de ses embruns La vie foisonnait ce jour d'été en retour
La lumière avait des airs de cathédrale Gothique aux vitraux de couleurs zébrant la nef D'éclats d'ombres obscures en prière vocale Sourdine je volais sur un aéronef
Seul être épanoui sur ce bout du monde Je touchais aux mystères'de l'amour et du temps Entraîné ivre de joie dans cette ronde J'étais oiseau-mouche aigle et lion en même temps
J'étreignais déjà la belle sur sa couche Nos corps brûlaient dans mon rêve leurs cartouches En jeux duels d'esquives et d'escarmouches Nous étions nus sur un lit tressé de souches
Soudain en plein vol j'ai gobé une mouche Brisant net mon élan zappant mon doux rêve L'animal s'agitait aux creux de ma bouche Cherchant à survivre une issue une grève
Retour rapide les deux pieds sur la Terre Raclant ma gorge visitée d'une intruse Crachant expectant cet insecte misère J'ai mangé la mouche se voulant ma muse.