Un chien aboie aux oreilles d'un bel oiseaux Qui dans sa robe de plumes de jais danse D'une patte sur l'autre près de son museau Picorant léger sans la moindre méfiance
Le cerbère tire sur sa longue chaîne Se dressant sur les postérieurs les crocs pointés Vers cet intrus importun qui se démène Sans crainte aucune de ce bruyant canidé
Le volatile noir s'expose sans risque Devant ce monstre de muscles qu'il excède Prenant plaisir à déjeuner de moustiques A la barbe d'un fauve il intercède
Pour la cause des petits et des sans grades De tous les faibles il se joue la revanche Des minuscules il est le fier camarade Haussant la tête puis se roulant des hanches
Enfin justice est faite se dit l'emplumé La force n'est rien retenue par un maître Asservie dans ses chaînes elle peut écumer Le faible devient fort libre de son être
La danse se fait plus folle et plus légère Devant les dents de ce très féroce animal Tirant plus fort la chaîne de sa misère L'oiseau se grise de l'ivresse de ce bal
Un chat prudent avisé des moeurs de ce temps Féru de la morale de son appétit Réveillé de son somme par les aboiements D'un bond saute sur l'oiseau et lui prend la vie
Aussitôt son forfait commis il se sauve Avec entre les dents un festin en râle Calmant ainsi les aboiements du grand fauve Il est ainsi des aventures bien pâles.