Une très grosse femme sur un ballon rond Tient un précaire équilibre sur l'océan Elle virevolte bondit et tourne en rond Poursuivant en une course un banc de harengs
Les marins pêcheurs stoïques s'essuient les yeux Incrédules au spectacle de sirène Ils craignent un malin tour des vents ou des dieux D'une femme nue criant à perdre haleine
La mer est d'huile au soleil chaud d'un vent calme Et le cri de folie emplit le fond de l'air La chasse se précipite en bonds de femme Les reflets de l'eau se font argent et bleu clair
Un rire hystérique sidère les hommes Qui ne croient ce qu'ils voient devant eux sur l'eau bleue Une rondeur sur une boule de chrome Nudité électrique glissant sous leurs yeux
Un tourbillon se creuse d'écume et de vent L'océan s'ouvre paisible d'un puits sans fond Où la femme s'engouffre d'un air souriant Aux éclats des harengs le silence répond
Les marins se regardent étonnés pantois Ils tanguent lointains sur un banc de mystère Jamais des mots ne pourront dire ce qu'ils voient Ils savent déjà qu'ils seront fous sur terre.