Le rêve c'est bien, le réel aussi. J'ai perdu la pierre blanche, avec laquelle j'avais marqué ce jour. Le parfum de ton sexe, aux chaînes de liberté, Ivresse douce de plongée en mer de lucidité, Une nouvelle étoile dans le regard bleu de ton désir. Nous faisions l’amour au-dessous des nuages de chaleur, Dans le gazon doux des alpages fleuris, Insouciants au cœur des instants d’altitude.
Le rêve sait bien, le réel se cherche. J’ai perdu la pierre blanche avec laquelle j’avais marqué ce jour. Les baisers de tes lèvres, sur la peau de frissons, Les caresses de tes mains, aux secrets des émois, Tes cheveux longs, comme une onde éternelle, Le temps perdu à se laisser envahir d’absence, Le temps savouré à ne pas décompter les heures, L’un et l’autre en découverte de l’infini d’absolu.
Le rêve sonne bien. Le réel est nu. J’ai perdu la pierre blanche avec laquelle j’avais marqué ce jour. Les pôles se sont inversés, un magnétisme nouveau est apparu. Le soleil a craché l’invention nouvelle d’un magma feu. Nous sommes devenus des êtres électriques bleus de désir, Une lave incandescente a ruisselé dans nos veines. Un monde inconnu s’est ouvert de son vide abyssal. Nous avons traversé la porte des étoiles.
J’ai perdu la pierre blanche avec laquelle j’avais marqué ce jour. Elle a du rester sur la plage de sable où nous courrions, Portés par le vent, salés d’embruns, empreints d’ailleurs. Le sable fin l’aura avalée sous son bruissement. Elle creuse maintenant la croûte terrestre, Vers le cœur oublié de cette planète, Dans les profondeurs sans fin, Point de gravité de toutes les amours.
Le réel mange nos rêves, D’un appétit vorace, Jusqu’à l’indigestion.