Sur un toit hésitante et féline Une femme sautille et frétille Peintre des cieux et des miroirs des toits Vers le pinceau échappé de ses doigts Objet fou soudain donné à la vie Il dessine mille arabesques en roulant Sur les tuiles chaudes de frénésie Du plus insolite et fou des amants Un dessin de femme sur les tuiles Au trait précis d'un pinceau de génie Les cheveux le nez les seins à l'huile Prennent formes en courbes alanguies Et de cet enchevêtrement de traits La belle ne voit que taches et rejet Dans l'image où son profil apparaît Ode d'amour sur des tuiles de grès Tenu par des mains fines de femme Ce pinceau rompu aux mains calleuses A senti naître en lui une flamme De la chaleur de peau duveteuse Et ne pouvant de son manche de bois Ni de ses longs poils verts de fines soies Exprimer la force de son élan Son trouble son plaisir ni son tourment A trouvé pour unique manière De s'épancher et mettre en lumière Un beau roulé-boulé improvisé Pour aller en quelques traits esquissés Dire sur une page de tuiles Son désir fou en peinture à l'huile Un pied lourd violemment sur son manche Stoppe net et soudain sa création Aux rêves d'un peintre du dimanche Les pleurs d'une tache de castration Pinceau artiste inspiré du désir Soudain sans cri redevenu objet N'accèdera jamais au doux plaisir Du regard de femme pour son sujet La belle ajustant sa chevelure Reprend d'une main ferme son pinceau Cet olibrius peintre Roméo Roi des rêves et de l'imposture En un éclair saisissant l'aubaine Sur sa joue frôlée d'un geste incertain Quelques légères taches s'égrènent Rapides baisers d'un vert incertain Entre les doigts d'une reine des toits Chaude et légère danse lascive Renaît le désir en vagues d'émois Qu'aucun poil de soie jamais n'écrive.