Les poètes ont du plomb gris dans la tête On les reconnait au bruit qu'ils font en marchant Et même s'ils tiennent un discours honnête On entend le choc de leurs mots bringuebalants
Ca cogne ça sonne dans la tuyauterie C'est l'inondation permanente du rêve Des chevaux de feu fougueuse cavalerie Dans une musique clinquante sans trêve
Ils font d'un monstre de papier une énigme Et d'un laideron la plus belle déesse Ils enfilent les perles en paradigmes D'une réalité inventée sans cesse
Les couleurs ont des parfums dans leur plombage Les rivières remontent leurs cours sans rives Quant aux amours elle fleurissent les pages D'un temps sans limites aux jours en dérives
Les mots se jouent de leur conscience d'artisan Plombiers déconnectés de tout réseau le vent S'engouffre dans leur souffle les asphyxiant Pour les laisser nus comme caillou sur l'estran
Dévêtus ils ne craignent ni froid ni soleil Les seules morsures redoutées sont femmes Et folles amours de leur désir en éveil Sur les courbes lumière de belles flammes
Et quand ils parlent c'est de l'eau claire pourtant De celles qui épanchent les soifs désertes Ruissellent sans vague comme baisers du temps Sur les coeurs les plus vils qu'ils rendent inertes.