Quand les hommes n'auront plus de poils sous les bras Qu'ils sentiront le vétiver et le jasmin Les canons de la mode auront pris le pas Sur le réel de la sueur et de la faim
Quand les femmes changeront de couleur de peau Pour être noires l'été blanches au printemps Leurs frissons seront alors dissipés sous l'eau Polluée des fleuves de plomb des continents
Quand les enfants s'achèteront en magasins Sous préférences sexuelles garanties Par contrat et certificats de leurs vaccins Ils pourront exiger le rachat de leur vie
Quand les animaux seront nos parfaits clones Porteurs de viscères très sains échangeables Les objets porteront nos douleurs atones Dans l'ennui d'un temps devenu immuable
Quand les arbres seront virtuels sur écrans Avec des oiseaux de couleur aux oeufs dorés Nous seront libérés des tourments des amants L'amour et ses spasmes seront numérisés
Quand les sentiments s'achèteront à l'envi Sur catalogues en lignes avec soldes Pour y goûter quelques temps en catimini L'hygiène sera ciment d'un nouveau monde
Nos os poussières de cendres données aux vents Trembleront de leurs particules dissociées Chatouillant de leurs fleurances les survivants Plongés dans le souvenir des civilisés.