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Jean-Marc BUTTIN
Premier mai.
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Jean-Marc BUTTIN
Premier mai.
Rochebrune sous les nuages
Du réchauffement climatique
D’un premier mai triste présage
Cache un soleil énigmatique
Printemps été automne et hiver
Dans la même journée réunis
Manteaux polos chemises et impers
Tenues d’un extérieur indécis
Prémices des caprices violents
Vents de turbulences instables
Tornades folles et ouragans
Catastrophes inévitables
Le grand menu de ce premier mai
Sur la table pour se rassasier
Les arêtes de tous les regrets
Un nouveau monde à réinventer
La montagne s’effondre de gel
De fonte des glaces de soleil
Les sols du Nord se font caramel
Il est déjà trop tard pour l’éveil
L’optimisme de ce gai printemps
Se fait de tempêtes et de pluies
Seules les amours et leurs amants
Gardent encore un air réjoui
Rochebrune deviendra sèche
Sa falaise se fendillera
Plus question d’aller à la pêche
Quand l’été nous asphyxiera
D’une canicule à une autre
Entre nos murs de vieilles pierres
Nos rythmes de vie seront autres
Aux creux taris d’une eau mystère
Nous jetterons de la falaise
Les spoliateurs de nos énergies
Inventant de belles fadaises
Pour s’empiffrer de nos propres vies
Quand survivants nous désignerons
De nouveaux coupables à fouetter
Pour vaincre nos peurs et intuitions
Réunis dans nos bestialités
Après le premier mai le deux mai
Tant que l’on compte au calendrier
L’éphéméride de l’à-peu-près
D’un réchauffement très tourmenté
Décembre est déjà l’été au Sud
D’une planète qui perd le Nord
Quand aura fondu le pôle Sud
Comment se forgera notre sort
Nous réapprendrons le décompte
Temps des survivants climatiques
En errance aux crêts de la honte
D’une science apocalyptique
Des gourous des esprits de magie
Dans un nouveau réel advenu
Diront de nouvelles infamies
Pour les hommes entièrement nus
Après le deux mai vient le trois mai
Si l’on persiste à vouloir compter
Sur un calendrier désuet
Du fragile de l’humanité
Ecrivons sur quelques falaises
Les graffes de nos balbutiements
Pour que nos consciences s’apaisent
En quelques messages au firmament
Dessinons les corps des machines
Les flux électriques des villes
De nos mémoires d’origine
Roche-terre de l’infertile
Le grand livre de l’humanité
S’écrit dans les empreintes sèches
Bouteilles dans les mers polluées
Sources flammes que rien n’assèche
La quatre mai demeure incertain
Il nous faut alors désapprendre
Qu’à chaque jour vient un lendemain
Où le temps traîne ses méandres
Nos savoirs fragiles nous-mêmes
N’ont d’utile que leur partage
Au coeur d’oubli où ils essaiment
Transcendance de tous les âges
Sublimes intelligences bleues
D’un rayonnement de sagesse
Aurores des jours des bien heureux
L’eau pure nous donnera l’ivresse
Le cinq se réserve tous les doigts
De milliards de mains de caresses
Pour inventer à nouveau la joie
D’une déraison pour promesse.