Des nains de jardin colorés au garde-à-vous Alignés sur un haut rebord de fenêtre Toisent les passants de la rue"passe partout" Comme si parmi eux un diable allait paraître
Dans cette rue paisible tout reste calme Le vol des passereaux plisse à peine le vent Qui pourrait se douter que s'ourdit un drame Sous un rang d'oignons de nains sortis d'un roman
Un chat lézarde au soleil tendre d'automne Son poil blanc luit comme une boule de jade Ses rêves de chat le charment il ronronne Repus il jouit des sons d'une ballade
Un chat blanc olivâtre sourd entend des bruits Air métallique cristal d'une voix d'airain Qui le berce d'un charme au sortir de sa nuit Il ouvre un oeil attentif sur le rang de nains
Un géant miniature se penche sur lui Les yeux grands ouverts le sourire blanc figé Il s'effondre de son poids dans un chant gémi En un cri sourd dans le vide précipité
En un éclair vif la boule de poils bondit Terrifiée par cette agression d'un géant nain Qui s'effondre et qui se précipite sur lui De l'extase il bascule dans un noir pétrin
Toutes griffes dehors et les crocs aiguisés Il se retrouve au milieu d'une armée de nains Donne des coups de pattes au hasard lancés Bagarre violente pour qu'il ne reste rien
L'ennemi stoïque bien vite terrassé N'offre plus de résistance au félin fauve Le chat se calme sur des statues plastifiées Vainqueur il sent le fond de l'air et se sauve
Une voiture roule rue "passe partout" Sans voir quelques statues de plastique tombées Sur le seuil d'une entrée un tas fourre tout Au loin un chat saute le mur d'un jardinet
L'automne vient naître dans ce coin de ville Dans une sanglante bataille de monstres En un quartier où les gens vivent tranquilles Sans rien savoir des terreurs qu'un chat rencontre.