Avant même la douce chaleur d'ovule Quand le sperme n'était que quelques gouttes d'eau Longtemps avant la ruée des testicules Quand le sang de mes géniteurs n'était pas chaud
Alors que des fleurs déjà s'épanouissaient Que des parfums enivraient les esprits d'amour Que la musique claire égaillait les ruisseaux Que déjà les étoiles perçaient leurs velours
Quand le plaisir ne se savait pas dire en mots Que la Terre déjà ronde se faisait bleue Qu'un flocon de neige se mariait à l'eau Et que se terraient des peurs au fond de grands yeux
Longtemps bien longtemps avant que nul ne compte Les heures qu'on ne carillonnait nulle part Avant que Dieu n'invente des femmes promptes A craindre son courroux aux baisers de paillards
Si loin que les mémoires se perdent aux vents Des steppes arides aux hurlements des loups Avant que l'or n'ait reçu sa couleur d'argent Et que l'amour fou n'ait trouvé son juste coût
Avant qu'hommes et femmes ne s'apprivoisent Avant cette invention du chauffage central Avant que le premier vainqueur ne pavoise Avant que la brise n'épouse le Mistral
Avant toute chose et le plaisir des amours Avant le premier souffle et le tout premier pleur Avant que nul n'aspire à être pour toujours Avant que la haine nourrisse des rancoeur
J'étais déjà là à vibrer de cet amour Du plaisir des caresses d'un regard aimant J'étais éther déjà mort sans aucun recours Eternel avant de vivre quelques instants
Mes jours se comptent en secondes d'infini Avant que d'avoir été je fus éternel Et quand ma vie infidèle en catimini Me fera mort je redeviendrai éternel.