Rêve interdit de pensée.
Donneur de leçons, moralisateur bon ton,
Commentateur des lieux communs consensus mous,
Lanceur de sentences creuses à l'unisson,
Vigie experte du respect de l'entre nous...
Le personnel médiatique fait l'audience,
Déesse souveraine de tous les média,
Zélé serviteur, esclave d'éminences,
Il se prête sans réserve, passeur de plats.
Les chaînes télé coulent en permanence
Leurs flux fluides d'infos et d'événements,
Donnant à tout sujet égale importance,
Arasant l'esprit en mots pissés, rémanents.
Le seul sujet capital est publicité,
Revenu, profit d'espaces à bien vendre,
Pour des têtes hypnotisées, bien lessivées.
Peu importe qu'il n'y ait rien à comprendre.
De pseudos journalistes, rois de l'à-peu-près,
Ressassent leur bouillie de faits mal digérés,
Acoquinés à une cohorte d'experts
Autoproclamés, prêchant d'un même concert.
Saturé jusqu'à l'inaudible, le public,
Consommateur insatiable de l'impensé,
Se glisse douillet dans ces brouillards diagnostics.
Il se convainc de savoir et d'être informé.
Chacun peut ainsi avoir son avis sur tout,
Sans la moindre once de critique curieuse.
Les experts et média l'ont dit: c'est vérité.
Surtout ne pas déranger la plèbe heureuse.
Elle pourrait s'éveiller et poser des questions,
Rentrer dans les écrans, pour les mettre au format,
Débarquer les beaux parleurs de leurs émissions,
Changer le son et l'image pour ses ébats.
Il est interdit de rêver hors des créneaux,
Temps homéopathiques sur certains canaux,
Ouverts, cœurs secrets des nuits blanches d'insomnies,
Aux seuls initiés, spécialistes des non-dits.