Une sucette à la bouche Pour une haleine parfumée Le regard vif et farouche Tout le spectacle d'une entrée Il est venu comme un ado Posant droit pour une photo Au cercle d'adultes assis Rebelle au pied de sa moto Prêt à affronter l'ennemi Dans les premières salves de mots
Dans la crainte d'être oublié Il avait déjà commandé Un apéritif anisé Nous étions là douze attablés Il a posé sa sucette Au creux blanc d'une assiette A peine assis ses premiers mots Coulent sur la nappe en ruisseau
Nous avons glissé avec lui Dans un fleuve de logorrhées Inondé de mots in construits De verre en verre plus embrumées. Une source intarissable De pourpre côte du Rhône Démesure prise à l'aune De chaque gorgée ingérée Plus chaude et libératrice De verve émancipatrice Grossissante prolixité Aux cataractes abreuvée De carafes de verre blanc Force indomptable du courant Crachée en mots insatiables Sur la nappe de la table.
Une pensée floue imbibée S'épanche à jets de griserie A la figure des invités Les mots fous mordent sur les plis Se heurtant violemment au sens Serviles pantins d'errance Sauvage pensée engluée Dans un flot trop fort à tenir Entre les larmes et le rire De l'aval ou bien vers l'amont Des mots ivres de déraison.
Toujours plus puissant et nourri D'une source pourpre de vie Pleine carafe de verre Verve de vocabulaire Parfum de douce liberté De la connaissance absolue Du plaisir chaud d'être écouté D'une satisfaction repue.
Adolescent treizième homme Les chevaux du vent d'un somme