Temps nu.
Au coeur lave de ma mémoire, se love
Ce fleuve, intarissable, impétueux, rebelle',
Entre les rives de nos baisers de rêve.
Le désir déchire le temps habituel.
"Viens chez moi" disait la voix chaude de son miel,
Quand nos corps s'épousaient des formes du désir.
Nos sexes s'unissaient, épousailles de sel,
Aux embruns des vagues houle de nos plaisirs.
A jamais, la quête de ce bonheur d'ailleurs,
A rouler sur les cimes bourrasques d'envies,
Ne rien compter de la foison d'émois bonheur
Que les heures de manque au loin de notre lit!
Une empreinte, dans la roche millénaire,
Pour ouvrir une brèche, d'où sourd un filet
D'amour, au besoin de rendez-vous lunaires,
Marque le lieu, au creux du temps, nu sans effet.
L'endroit précis des rencontres des énergies,
Quand le fleuve doute de sa force et cherche
Dans la glaise un chemin plus lourd à la survie
De son cours, vers la jouissance revêche.
Deux êtres s'évaporent au réel de ce lien,
Qui les tient à n'être qu'un, pour un voyage
Vers l'itinéraire caresses de leurs mains.
Au futur, ils se perdent amants sans âge.
Le goût sublime du plaisir marque page
De la longue lecture de chaque destin,
Aux découvertes de lèvres, aux ravages
Des amours, aux frémissements du creux des reins.
Fleuve intarissable et rebelle', le désir fou
Court, aux sursauts des rencontres clandestines
Du hasard, fouillées, dépouillées jusqu'au dégoût,
Pour transcender le temps d'heures libertines.
Ma mémoire de plaisir recherche ce lieu,
Sur les conquêtes sublimes des grains du temps,
Cet instant d'oubli, à tenir la main de Dieu,
La vie courbe du temps nu, au corps des amants.