Les mots n'ont de contour, qu'en sensations, Béance de source jamais tarie, Irriguant du sel de leurs vibrations, Tout reste à se dire, quand tout est dit.
J'entends les voix de silences radieux Et celles, jobardes, des mensonges, Gronder les plaintes celées des adieux, Saouler d'ivresse ceux qu'elles rongent.
Je sens le cri de torture crisser, Sur les cuirs en frissons froids de l'horreur, Un souffle d'extase bleue traverser Le velours ouaté des sons du bonheur.
Le tintamarre quotidien, bavé Du choc violent des espaces sans fonds, En musique de mots désaccordés, Phagocyte les peurs en leur tréfonds.
Une langue se mord aux limites Des mots qu'elle s'invente à l'horizon Des désirs qu'elle lâche sans suite Au ruissellement d'un grand tourbillon.
Les mots ourdissent les secrets, tissés Au fil des fantasmes indicibles, Pour creuser les sillons entrelacés, Des liens d'amour aux tours inaudibles.
Tout reste à se dire, quannd tout est dit En caresses câlines des oublis Du vocabulaire bien trop soumis, Quand les corps se conjuguent en leurs plis.
Les mots n'ont de contour qu'en abandon, Pour se construire en musique de vie, Au cours du temps de ce bel unisson Des résonances sources des envies.