Un poète...
Faut se rouler nu dans une boue de glaise,
Laisser ensuite sa gangue au soleil brûlant,
Pour la sentir se fendre comme foutaise
De mots fous, fracturés par l'écho résonnant.
Faut se vautrer dans la chaleur de la paille,
Avec un partenaire au désir acharné,
Rouler ensemble comme passe muraille
Aux frissons des émois de corps énamourés.
Faut s'asphyxier dans les profondeurs bleu nuit,
D'une mer de tempête au sel cru d'écumes,
Pour se laver, jusqu'au sang rouge, de l'ennui
De ces bonheurs, qui lentement se consument.
Faut courir, au bout du souffle ardant d'extrême,
Haleter le vide, qui se cherche de l'air,
Se sentir plus léger qu'un élan suprême,
Frapper de peur et d'effroi aux portes d'enfer.
Faut regarder le soir, sans ciller, le soleil
Disparaître à l'horizon d'un jour d'automne,
Goûter de mille femmes l'élixir de miel,
Entendre mille symphonies, qui dissonent.
Faut pleurer de joie et baiser la tendresse,
Perdre mille amours pour n'en connaître qu'un seul,
Caresser et mordre aux plis de mille fesses,
Découvrir les senteurs d'une allée de tilleuls.
Faut cueillir la douceur aux rires d'un enfant,
Haïr les cons, les méchants, les tyrans, femmes,
Hommes de pouvoir, de merdailles et d'argent,
Technosyndiqués aux caleçons sans âme!
Faut se mordre la langue, puis prendre son pied,
Raconter des sornettes sans les écouter,
Monter à cru sur un cheval et galoper
Plus vite que le vent et puis, soudain, tomber!
Faut tout ça et au surplus bien d'autres choses,
Pour ne jamais savoir sûrement où l'on va,
Croire à l'odeur de merde au parfum des roses,
Pour qu'un poète, sur un mot, naisse', ici-bas!!!
