J'ai un dictionnair' électronique Qui ne connaît rien des mots magiques De la langue qu'on roule et torture Pour dire fort sans les dire les mots Qui pèsent comme autant de brûlures Qui débordent du corps comme des rots.
Qu'en sera-t-il de mes lettres d'amour Phrases corrigées d'informatique Lâches concessions au plus pratique Si je ne peux sans chaque fois douter User des frasques contours et détours Des délices des dires susurrés.
Qu'en sera-t-il alors de mes amours Des désirs secrets qu'on laisse sourdre En mots imagés fines tournures Caresses à soigner les blessures Des plus jamais des encore et toujours Dans un répertoir' sans coup de foudre.
Maigre consolation épistolair' Ne connaissant rien des coups de foudre Ce gringalet ce piètre dictionnair' Ignorant des rimes idylliques Oubliées du rythme informatique Méconnaît aussi le coup de tonnerr'.
Je propose qu'on invente demain Le dictionnair' nouveau peau de chagrin Sans vocables imagés composés D'une orthographe bien trop compliquée Aux mots simples de l'informatique Sans détours météorologiques.
Que les rabat-joie au ciel nuageux Tenant des grains à vache qui pisse Des mots croquignolets qu'ils dorlotent Abandonnent un peu leur parlotte Revoient leur vocabulaire amoureux Et oublient un peu la chaude pisse Pour un verbe plus blennorragique Mieux adapté à l'informatique Où les virus assassins sont légions Pires ennemis que l'électrocution.