Une échelle aux barreaux de bois rose Contre un mur un vieux vélo repose L'odeur de foin sec et de poussière Au calme d'une vaste fenière
Des rais chauds de soleil entre tuiles Tableau de vacances peinture à l'huile Un seau hygiénique vert pue d'odeurs Le bruit d'un couvercle sur sa hauteur
Un ours clair peluche brune laine Pour seul protecteur de toute haine Les cheveux bruns courts raides et foncés D'un beau soutien gorge blanc déchiré
Des jeux d'adolescents à qui se plait Se toucher en rire et se provoquer Aux cris gais prendre les larmes lourdes D'une possession devenue sourde
Complice des pleurs de la violence Perdu le coeur pur de l'innocence Se croire à jamais d'homme coupable Prendre pour soi l'acte injusticiable
Victime ordinaire de son bourreau Une fille violée sous ses assauts Un rai de lumière chaude d'été Sèche ses larmes d'un sanglot résigné
Des jeux de l'enfance soudain sortie Pour l'amour des hommes à jamais vomi Pieds nus sur des barreaux de bois rose Elle tait en mots sourds cette chose
L'odeur de foin sec et de poussière Puanteur sèche d'un champ de guerre Un homme jeune enfourche son vélo Et va plus loin percer une autre peau
Une chape silence sur l'été Les odeurs au fond d'un seau bien gardées Une vie d'oiseau aux petits bonheur Au creux du ventre l'angoisse et les peurs.