Heureux qui comme cet homme a fait un beau voyage Et vécu à rebours, cueillant les fleurs de l’âme ; Heureux les cœurs toujours offerts, nus et sans arme. Heureux ceux qui déposent des roses sur la page Ecrite au sang des hommes qui achève le Livre, Et qui signent : un poète, mendieur d’amour et ivre D’aimer et d’être aimé.
Heureux celui dont brûle le cœur sous ses haillons, Celui qui crie « je t’aime » de derrière son bâillon ; Heureux ceux dont la main réchauffe un oisillon. Heureuses les âmes en peine, heureuses les légions D’amours azuréennes qui peuplent l’horizon ; Heureux les cœurs sans rides, heureux les cœurs avides D’aimer et d’être aimés.
Heureux ceux dont le souffle façonne les nuages Réveillant les lutins cachés dans les bocages, Engrossant en sifflant les voiles des bateaux Et rattrape le soleil qui marche sur les eaux Avant que de coucher les ombres sur nos rivages ; Heureux qui ne se lasse jamais du doux voyage D’aimer et d’être aimé.
Heureux les étonnés, heureux les singuliers, Heureux les écoliers qui ouvrent des sentiers D’aventure et de soufre, heureux l’amour qui souffre, Heureuse es-tu mon âme dans ta prison de chair, Heureux ce cœur qui bat dans sa cage de fer ;
Car tous s’envolent un jour, Grands oiseaux sur la mer de nos larmes amères, Escadrille de l’amour qui ne vole que pour