Voici les horizons qui crucifient le monde, - "Quatre" dit le poète - voici les fleurs qui tombent… Voici que le sang monte, qu’on regarde le ciel Que l’on voudrait de miel et qui s’emplit de fiel.
Voici la Bête immonde, voici les Cavaliers Le rouge et son épée, le vert nommé La Mort Sans peur et sans reproche dont les ombres s’approchent ; Voici le Candélabre et voici les Etoiles…
Et les étoiles tombent comme fruits avortés Et le ciel disparaît comme un livre qu’on roule Et les rochers déboulent quand les montagnes croulent ; Quatre vents se retiennent de souffler sur la Terre.
Les tribus sont marquées et le vent peut souffler Il ne reste à l’Agneau qu’à ouvrir un seul sceau Pour que sonnent trompettes, que décroche le ciel, Que tombent les étoiles, que monte la fumée
Et que vole le soufre que soufflent les chevaux ! Sept tonnerres rugissent leur puissante clameur… Viennent enfin les éclairs puis la grêle qui tombe Et le Dragon s’active à élever des tombes.
Voilà la Bête immonde qu’il faut exterminer… Voilà l’empire du Mal qu’il faut démanteler… Et c’est pourquoi les bombes pleuvront comme grêlons Sur de noirs enfants nus et des peuples félons.
Faut-il vraiment haïr son prochain comme soi-même ? Ou pire, le mépriser et le compter pour rien, Le souiller d’un regard et tailler par l’épée Dans la chair de ce monde son beau carré de paix ?