Etourdie de silence, la nuit, cernée de suie, La paupière lasse, vers les songes s'enfuit. Sur les branchages nus, le vent tait son murmure, Son chant mélodieux est mort sous la froidure.
Une douce lueur perle dans les ténèbres, La chaleur d'un regard diffuse sa lumière ; Un coeur me semble-t-il, jaillit dans la clairière, Je me frotte les yeux : c'est l'amour qu'on célèbre !
Vient-il du pays où chante le printemps ? A-t-il sur sa peau un habit tendre vert, La couleur des serments, un souvenir d'hier Annonçant le réveil d'un tendre sentiment ?
Le froid le cerne hélas ! Va-t-il pas le briser Comme une porcelaine qui éclate du gel ? Je le vois qui recule quand je vais l'embrasser Et pourtant, je le sais : c'est bien son coeur à elle !
Si la lave se fige, si la sève sommeille, Le murmure se tait, l'espérance s'éteint, Les beaux jours piétinent aux portes du destin Impatients de naître, de montrer leurs merveilles.
Un halo de tendresse l'entoure de féérie, Il brûle dans l'océan des vagues de la nuit, Il brûle et il attend une âme auprès de lui, Qui l'aime et qui le prenne et qui enfin sourie ...
Mais le printemps s'attarde aux frissons de l'hiver ; Sur le rebord des jours, le soleil chancelant Menace de s'éteindre au moindre coup de vent Et plonger dans l'obscur ce coeur né de l'éclair.
La foudre l'a conçu, l'orage l'accompagne ; Le tonnerre des jours bat son flanc tendre et doux ; Saura-t-il un matin retrouver sa compagne Qui s'est évanouie au lit du temps jaloux ?